Donnerstag, den 11. Januar
Bernhard Sobel 70 gestern
und kein Foto zur Hand
Ce théâtre de Gennevilliers, à côté dun
marché, na rien dune maison, rien dun phalanstère,
rien non plus dun sanctuaire culturel, dune enclave qui, en banlieue,
se voudrait centre rassembleur, un lieu vers lequel tous les regards convergent.
Intégré à la ville, le bâtiment ny est pas
exalté, visible sans être remarquable, il paraît en permanence
inachevé, plutôt quun édifice un vaste passage,
depuis plus de trente ans parcouru et transformé par un capitaine errant
et sédentaire au visage peu changeant. Si bien qualler avenue
des Grésillons, au Théâtre de Gennevilliers, cela ne fut
jamais comme daller à Nanterre, à Bobigny ou Aubervilliers
; ce fut et cest encore faire un pas de côté, une petite
virée en lisière de la ville où Bernard Sobel suggère
de regarder le monde à cette distance où il est proche et presque
inatteignable. Ce navire à larsenal, le théâtre,
dira Sobel, est la maison dexil.
Ou, si lon veut, Bernard Sobel est un catholique debout, ce quon
écrira dautant plus volontiers quil est notoirement communiste,
se chargeant de nous rappeler sans cesse que nous sommes exilés, et
peut-être chaque jour un peu plus, de la virtuelle citoyenneté
à laquelle, légitimement nous aspirons. Cest là
sa poétique, son paradoxe aussi, manié et remanié à
travers un répertoire, des uvres souvent mal connues ou dont
le choix de sa part surprend au moment où il décide de les faire
entendre. Son ironie méditative se promène entre Kafka et Brecht,
celui qui répondait que si Kafka était le premier écrivain
communiste, il était, lui, Brecht, le dernier écrivain catholique.
Et puisque nous en sommes là, oui mais Claudel, vous répondra
Sobel, cette année, le Claudel qui a travaillé lhistoire
de France ? Sobel nest pas à une contradiction près.
Pour en donner un autre aperçu, il y a ce souvenir : souvre un
colloque sur Brecht, cest dans les années 1970, Sobel, formé
au Berliner Ensemble, y est un exégète redouté, mais
quand la parole lui revient, il cite et commente Proust.
Un catholique debout entre la nef et le bas-côté, jamais en chaire
comme lont été, peu ou prou, Vilar et Vitez, représentant
la France, la France dUriage et dAragon, Sobel est, lui, un petit
Parisien dentre Belleville et Ménilmontant, un enfant juif échappé
à la rafle grâce à un boucher, un jeune homme qui aurait
aimé vivre en Amérique, qui se retrouve en RDA aux côtés
de Brecht, un voyageur qui se fixe dans un théâtre comme en un
lieu de partance et de protestation, lieu par excellence relatif, où
sachèvera la vacillante et irremplaçable épopée
du moi commencée voici des siècles. Le « moi » nest
même plus haïssable, dira Sobel, si mon nom est personne. Ni larmes
ni musique, Sobel la déteste dans ses spectacles autant que Bunuel
dans ses films.
Rien que la mise en jeu de ces « moi » relatifs, dits personnages
de théâtre. Aucune récompense offerte par lenthousiasme
festif ou lissue collectiviste, aucun salut qui viendrait de la dissolution
des « moi » dans lhumanité en général,
quand ailleurs, on connaît ça, la mise en scène de théâtre
aspire à être lun des beaux-arts de la sagesse. Aussi bien
Sobel fuit linterprétation, lui opposant des paris de lecture,
jusque lorsquil distribue Maria Casarès dans le rôle du
Roi Lear. Il fuit même le chef-duvre, linterprétation
totalement convaincante comme on le dirait en musique, lui substituant le
déchiffrage comme allure et, de la représentation théâtrale,
il cherche à faire un entretien sur la pluralité des mondes.
Et entre les spectacteurs et le spectacle installe une distance spécifique,
celle de lecteurs ; lun qui vient de terminer de lire, les autres qui
commencent la lecture, quelles interrogations échangent-ils ?
Pour avoir été invité, comme tant dautres, à
travailler dans ce théâtre de Gennevilliers, jai appris
ce que jy aimais particulièrement : arriver le matin dun
jour de marché, y acheter un économe ou un canif dont javais
besoin, sur le trottoir rencontrer Bernard Sobel, le voir examiner lachat,
parler de ce quon appelle les affaires privées juste une seconde,
laissons ça, dit Sobel qui enclenche la conversation sur Spinoza et
la reprise des essais nucléaires, la tempête et les Kurdes débarqués
à Fréjus, quoi de commun, direz-vous, mais Sobel vous convaincra
que tout ça, ça a beaucoup à voir. On na jamais
fini dapprendre avec lui que la vérité nest pas
triste, mais la vie, oui, est une suite dadolescences.
Bruno Bayen
(metteur en scène et écrivain)
Article paru dans le supplément Avignon du Monde, juillet 2001
(création dUbu roi dAlfred Jarry)
le texte au format doc
sein vorletzter Auftritt hier. war in Berlin nach dem Fall der Mauer in der ehemaligen Akademie der DDR auf Einladung von Heiner Müller nach dem Erscheinen des Buches Vom Unglück und Glück. der Kunst nach dem letzten Kriege in Deutschland. Er war tapfer im Bekennen und sprach schon vom Landmann im Autor S. den er auch nicht ganz verstand manchmal, aber...
Sein bisher letzter Auftritt
dann in dieser Sache war in Paris zum Projekt Nossendorf in P. sehr freundschaftlich
alter Verdienste gedenkend. Die Fotos von HP in Berlin zeigen ihn nicht, so
wenig bekannt war er im Lande Brechts aus dem er sich zeitlebens nährte.
Stötzer und jenes
Gespenst von 68 K.Th.
der gerne über Dinge spricht, die er nicht gesehen hatte, damals Penthesilea
und die Marquise an zwei aufeinanderfolgenden Abenden !